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Aperçu du projet

Le projet pilote Cheminements de carrière pour les nouvelles arrivantes racisées (CCNAR) est un projet pilote novateur de trois ans conçu pour mieux aider les femmes nouvellement arrivées qui s'identifient à des minorités visibles à entrer sur le marché du travail canadien. Cette page décrit les origines du projet, les modèles et les caractéristiques principales des CCNAR, la raison d'être de ces caractéristiques, le réseau de partenaires et la manière dont le projet pilote est évalué.

image de la femme heureuse
Introduction

Le projet pilote Cheminements de carrière pour les nouvelles arrivantes racisées (CCNAR) est un projet de recherche pancanadien comprenant onze interventions en matière de services d'emploi pour les femmes nouvellement arrivées qui s'identifient à une minorité visible et qui sont mises en œuvre par huit partenaires de services[1]. L'objectif de ce projet de recherche est de tester quatre modèles de services d'emploi afin d'apprendre ce qui fonctionne pour aider les nouvelles arrivantes appartenant à une minorité visible à trouver un emploi de bonne qualité.

La Société de recherche sociale appliquée (SRSA) a été chargée par Immigration, réfugiés et citoyenneté Canada (IRCC) de concevoir et de réaliser le projet pilote ainsi que de procéder à son évaluation. Les preuves et les enseignements précieux tirés du projet pilote contribueront à une mise en œuvre plus large des approches qui se sont avérées efficaces pour favoriser de meilleurs résultats en matière d'emploi pour les femmes nouvellement arrivées qui s'identifient comme membres d'une minorité visible. En outre, il aidera le CICR à créer une culture de prise de décision fondée sur des données probantes qui renforcera les services d'établissement et d'intégration et améliorera les résultats pour les nouvelles arrivantes et leur famille.


[1]Les huit partenaires de service sont : ACCES Employment (RGT), Immigrant Services Association of Nova Scotia (Halifax), MOSAIC (Vancouver), Opportunities for Employment (Winnipeg), la Société économique de l'Ontario (Sudbury, Toronto, Ottawa), Achēv (RGT), World Skills Employment Centre (Ottawa), et YWCA (Metro Vancouver).

Contexte

Le budget 2018 du gouvernement du Canada a déclaré que l'emploi est la clé d'une intégration réussie des nouveaux arrivants au Canada en soutenant leur indépendance financière et en leur permettant d'établir des liens sociaux et de développer et de conserver des compétences professionnelles. Le gouvernement reconnaît que les femmes nouvellement arrivées qui s'identifient comme membres d'une minorité visible[2] font face à des obstacles importants pour trouver et conserver de bons emplois, notamment des difficultés linguistiques, le manque d'expérience professionnelle au Canada, le manque de réseaux professionnels et sociaux, et la discrimination fondée sur le sexe et la race. Certaines femmes sont également confrontées à des emplois précaires ou à faible revenu, au manque de services de garde accessibles et à une éducation limitée ou interrompue dans leur pays d'origine. Pour aider à réduire ces obstacles à l'emploi, le gouvernement a annoncé en 2018-19 un investissement de 31,9 millions de dollars à l'appui d'un projet pilote de trois ans visant à offrir des programmes améliorés pour aider les nouvelles arrivantes qui s'identifient comme membres d'une minorité visible à obtenir un emploi.


2] Le terme "minorité visible" est utilisé dans la loi sur l'équité en matière d'emploi. L'objectif de la loi est de parvenir à l'égalité sur le lieu de travail et de corriger les désavantages en matière d'emploi pour quatre groupes désignés : les Autochtones, les membres des minorités visibles, les personnes handicapées et les femmes. Les personnes de minorités visibles sont définies dans la loi sur l'équité en matière d'emploi comme étant de race non caucasienne ou de couleur non blanche.

Qui sont les femmes nouvellement arrivées qui s'identifient comme membres d'une minorité visible au Canada ?

Les femmes nouvellement arrivées constituent une part croissante de la société canadienne. On estime que d'ici 2031, 27,4 % de la population féminine canadienne sera constituée d'immigrants. La plupart des nouveaux arrivants s'identifient comme des minorités visibles - en 2016, 56 % de toutes les femmes immigrantes et 85 % des immigrantes récentes s'identifiaient comme une minorité visible (Statistique Canada, 2016)[3]. En effet, la proportion de femmes immigrantes récentes appartenant à une minorité visible était de 55 % en 1981, 71 % en 1991 et 79 % en 2011 (Hudon, 2016).

La majorité des femmes nouvellement arrivées qui s'identifient comme membres d'une minorité visible vivent dans les grands centres urbains. Toutefois, il existe des différences entre les groupes de minorités visibles les plus importants dans les régions métropolitaines de recensement et les municipalités. Les femmes immigrantes ont tendance à être très instruites (27,7 % ont un diplôme universitaire ou plus), et la plupart sont admises dans la catégorie économique (54,1 %), suivie de la catégorie de la famille (34,3 %).

Les nouveaux arrivants au Canada viennent de nombreux pays. La population des minorités visibles au Canada est principalement composée de personnes appartenant aux groupes suivants : Asiatiques du Sud, Chinois, Noirs, Philippins, Latino-Américains, Arabes, Asiatiques du Sud-Est, Asiatiques de l'Ouest, Coréens et Japonais.

En plus de leur origine ethnique, les femmes nouvellement arrivées qui s'identifient comme membres d'une minorité visible sont très diverses. En effet, chaque femme joue des rôles variés dans sa vie et s'identifie à de multiples facteurs. Chacun de ces facteurs - dont plusieurs sont présentés dans la figure 1 - a une incidence sur les expériences individuelles. Chaque combinaison unique de caractéristiques influence la façon dont une nouvelle arrivante qui s'identifie comme une minorité visible s'intègre au marché du travail, détermine les obstacles qu'elle peut rencontrer et la façon dont elle les vit.

Les immigrants récents (également appelés nouveaux arrivants ou arrivées récentes) sont des immigrants reçus qui sont arrivés au Canada jusqu'à cinq ans avant une année d'enquête ou de recensement donnée.

 

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Figure 1. Intersectionnalité des facteurs affectant les expériences d'une femme nouvelle arrivante.


Les immigrants récents (également appelés nouveaux arrivants ou arrivées récentes) sont des immigrants reçus qui sont venus au Canada jusqu'à cinq ans avant une année d'enquête ou de recensement donnée.

Quel est le problème traité ?

Le Canada est l'un des pays qui accueille le plus grand nombre de nouveaux arrivants par habitant, et les projections montrent que l'immigration continuera à contribuer de manière importante à la croissance démographique et à la croissance de la population active dans l'avenir. En effet, au cours de la prochaine décennie, les nouveaux arrivants représenteront la totalité de l'augmentation nette de la population active. Cependant, les immigrants, et en particulier les femmes qui s'identifient comme membres d'une minorité visible, ont du mal à entrer sur le marché du travail.
En fait, les femmes nouvellement arrivées qui s'identifient comme membres d'une minorité visible ont un taux de participation au marché du travail inférieur à celui des femmes nées au Canada n'appartenant pas à une minorité visible : 77,2 % (femmes nées au Canada n'appartenant pas à une minorité visible) contre 65 % (immigrantes récentes appartenant à une minorité visible) pour le groupe de base des 25-64 ans. Elles ont également un taux d'emploi plus faible que les femmes nées au Canada (73,2 % contre 55,9 % pour le groupe des 25-64 ans) (Statistique Canada, 2016). La figure 2 illustre ces statistiques et d'autres statistiques sur le marché du travail selon le statut d'immigration et le statut de minorité visible des femmes du groupe principal des 25-64 ans. Il montre que les femmes nouvellement arrivées qui s'identifient comme membres d'une minorité visible ont le taux de participation au marché du travail le plus faible, le taux d'emploi le plus bas et le taux de chômage le plus élevé parmi les quatre groupes de femmes inclus dans le graphique.
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Figure 2. Participation au marché du travail des femmes (25-64 ans) au Canada.

 

En plus de la faible participation des femmes immigrantes au marché du travail, l'écart entre les revenus d'emploi des immigrants et des Canadiens est bien documenté et ne cesse de s'accroître (Aydemir & Skuterud, 2004 ; Frenette & Morissette, 2005 ; Picot & Sweetman, 2005). Les immigrantes qui ont un emploi gagnent moins ; leur revenu médian est inférieur de 3 558 dollars par an à celui des femmes nées au Canada. De plus, les femmes immigrantes mettent plus de temps à s'intégrer à la population active que les hommes immigrés.

Quels sont les obstacles auxquels sont confrontées les femmes nouvellement arrivées qui s'identifient comme appartenant à une minorité visible pour s'intégrer au marché du travail ?

La littérature sur l'établissement s'accorde généralement à dire que l'intégration économique est une étape clé pour les nouveaux arrivants qui tentent de s'intégrer socialement et culturellement et de contribuer à leur communauté. Pour beaucoup, la transition vers leur profession ou leur emploi est souvent la partie la plus difficile de l'établissement.

L'intersection des caractéristiques et d'autres facteurs des femmes nouvellement arrivées qui s'identifient comme appartenant à une minorité visible rend leur intégration dans la société et sur le marché du travail particulièrement difficile :

  • Les femmes qui s'identifient comme membres d'une minorité visible se heurtent à des obstacles que beaucoup de nouveaux arrivants rencontrent : mauvaise connaissance du marché du travail canadien avant la migration, manque de reconnaissance des titres de compétences étrangers, compétences linguistiques insuffisantes, manque d'expérience professionnelle au Canada, besoin de comprendre la culture canadienne et la "manière canadienne" de faire les choses, manque de réseaux sociaux et réticence des employeurs à embaucher. Ces obstacles sont bien documentés dans la littérature[4].
  • Les femmes nouvellement arrivées qui s'identifient comme membres d'une minorité visible peuvent être victimes de discrimination en raison de leur appartenance à une minorité visible, de leur sexe et de leur statut de nouvelle arrivante.
  • Les femmes sont souvent les principales responsables de la garde des enfants, ce qui entraîne des obstacles supplémentaires tels que l'absence de garderies abordables, le manque de réseau de soutien et les normes culturelles en matière de genre[5] qui rendent difficile l'entrée des femmes nouvellement arrivées sur le marché du travail.
  • L'intelligence culturelle[6] et les aspects psychologiques et sociaux[7] sont des obstacles qui sont moins abordés dans la littérature, mais ils représentent également des barrières considérables pour les femmes nouvellement arrivées sur le marché du travail et pour le maintien de l'emploi.

[4]Nabavi, M., Rodier, J., et Legault, L. 2015. Alberta Delivery of Settlement and Integration Services : Final Report, SRSA.

Les normes culturelles en matière de genre ne persistent pas fortement à travers les générations. Pessin et Arpino (2018) ont analysé les attitudes à l'égard du travail des femmes parmi les immigrés de première et de deuxième génération issus de pays d'origine multiples et vivant dans différents pays. Ils montrent que les immigrés de première génération ont des opinions plus conformes à l'idéologie du pays d'origine, tandis que les immigrés de deuxième génération ont une association positive plus forte avec l'idéologie de genre du pays de destination. Bien qu'il puisse y avoir une certaine sélection pour venir dans un pays aux normes de genre plus libérales, les nouveaux arrivants sont toujours plus susceptibles d'avoir des croyances et des opinions du pays d'origine sur le travail des femmes (Pessin & Arpino, 2018).

Le concept d'intelligence culturelle ou le concept de "CQ" a été développé par Earley et Ang en 2003, et est défini comme "la capacité d'une personne à être performante et à gérer efficacement dans un environnement interculturel". L'intelligence culturelle est cruciale pour l'intégration efficace des immigrants récents dans la société d'accueil et sur le lieu de travail. Les nouveaux arrivants ayant une QC plus élevée peuvent mieux s'adapter et créer de meilleurs réseaux dans les organisations. Les autres employés d'une organisation devraient également être encouragés à faire preuve d'ouverture d'esprit et à accepter divers styles de travail et points de vue (Malik et al., 2013).

[7]En voici quelques exemples : Fortin (2005) a constaté que le taux de participation des femmes au marché du travail peut être entravé par un conflit interne, la soi-disant culpabilité de la mère, lorsque les valeurs familiales se heurtent à la vision égalitaire de la société ; certains nouveaux arrivants ; certains réfugiés peuvent subir le traumatisme psychologique et parfois physique d'un déménagement dans un autre pays.

Quels modèles testons-nous dans le cadre du projet pilote CCNAR ?

Le projet pilote du CCNAR teste quatre modèles de programmes visant à mieux aider les femmes nouvellement arrivées qui s'identifient à une minorité visible à entrer sur le marché du travail canadien. Les interventions ont été élaborées après une analyse approfondie et la prise en compte des résultats d'une analyse documentaire antérieure, d'une analyse de l'environnement, de discussions avec des femmes nouvellement arrivées qui s'identifient à une minorité visible et de 11 consultations à travers le Canada avec des organisations d'aide aux immigrants, des associations de femmes, des fournisseurs de services d'emploi, des conseils d'employeurs et d'autres parties prenantes clés. Ces modèles visent à lever un ou plusieurs des principaux obstacles auxquels sont confrontées les nouvelles arrivantes appartenant à une minorité visible dans leur recherche d'emploi et leur maintien dans l'emploi.
Collectivement, les modèles s'attaquent au continuum de distance qui sépare les personnes du marché du travail. Chaque modèle cible une population spécifique de femmes primo-arrivantes en fonction de la distance qui les sépare de l'emploi et est conçu pour lever les obstacles afin d'aider ces populations spécifiques à se rapprocher du marché du travail et/ou à y entrer.

Évaluation

SRSA a conçu une approche d'étude de cas et une analyse statistique des impacts de l'intervention pour évaluer le CCNAR. L'approche par étude de cas sera utilisée pour évaluer la conception et la mise en œuvre des projets pilotes par chaque prestataire de services en termes d'exécution, d'alignement sur les besoins de la MVNO et d'autres programmes d'emploi et d'intégration, d'extensibilité du programme et de résultats pour les parties prenantes. Pour évaluer l'efficacité d'une intervention (par un prestataire de services ou entre différents prestataires de services du même modèle), une évaluation statistique des impacts de l'intervention sur les résultats des parties prenantes sera réalisée, dans la mesure du possible. Une analyse coût-bénéfice des interventions est également prévue. L'évaluation sera guidée par l'optique de l'analyse comparative entre les sexes plus (ACS+), qui garantit que la diversité et l'inclusion font partie du processus d'évaluation.

La mise en œuvre et l'évaluation du CCNAR sont actuellement en cours. Un rapport de mise en œuvre est prévu pour le début de l'année 2021. Pour de plus amples informations, veuillez contacter Susanna Lui Gurr à l'adresse suivante : sgurr@srdc.org.